Le chateau de Joux

Pastel sec sur mi-teinte Canson

Le château de Joux,à la sortie de Pontarlier ( Doubs) longtemps fief des seigneurs de Joux, domine la route qui mène à la Suisse. Forteresse médiévale, au coeur d'un site naturel magnifique, le fort de Joux est devenue ensuite prison d'état et a « hébergé » de célèbres prisonniers , de Mirabeau à Toussaint Louverture. On peut y voir ,entre plein d'autres choses intéressantes ,l'impressionnant puit de 100 mètres de profondeur creusé dans la roche par les forçats du château.

Je pourrai vous parler des seigneurs de Joux ou des prisonniers célèbres , mais , j'ai choisi de vous parler d'une femme , Berthe.

Regardez là haut , sur les remparts ... La voyez -vous sur le chemin de ronde, Berhe de Joux,avec son enfant dans les bras , qui se penche pour suivre le plus longtemps possible la silhouette blanche marquée de la croix rouge des croisés de son époux Amaury?

Elle est très jeune , 16 ans à peine, pour diriger seule la seigneurie en l'absence de son époux, mais qu'importe! Pendant , qu'Amaury , à l'appel du Pape, s'en va combattre en Palestine pour délivrer des sarrasins , le tombeau du Christ, elle veillera à la gestion du domaine , elle remplira tous des devoirs du seigneur,elle garantira la paix sur la frontière.

Le temps a passé, quatre printemps , quatre étés ,quatre automnes ,quatre longs hivers...Berthe a vingt ans. L'espoir au coeur , elle a attendu cet époux avec ferveur malgré les nouvelles alarmantes qu'elle en a reçu par des pélerins , des gens de passage qui transmettent des rumeurs de batailles , de maladies , d'épidémies..

Puis , un beau jour , une colonne d'hommes en armes s'annonce dans le lointain . Depuis les remparts du chateau , Berthe a reconnu la livrée des croisés , et elle court, la coeur battant à la rencontre des combattants du christ. Hélas , son époux n'est pas parmi les revenants. A leur tête se tient un lointain cousin Amey de Montfaucon qui lui apporte de terribles nouvelles: Amaury a reçu une blessure mortelle .

Veuve  a vingt ans ,Berthe est inconsolable. Ellle ne veut voir personne , ne mange qu'à peine, s'enferme dans le desespoir. Amey , touché par le chagrin ,la jeunesse et la beauté de la jeune femme, met tout en oeuvre pour lui faire reprendre goût à la vie , fait venir des baladins , organise des fêtes. Le chateau , tiré de ses quatre longues années de torpeur renaît à la vie. Berthe , aussi. Elle ne résiste pas au sourires d'Amey , aux compliments d'Amey, à la cour pressante que lui fait Amey.

Les deux jeunes gens deviennent amants , on parle de mariage...

Et puis , celui qu'on croyait mort réapparait.Et il est fou de rage en découvrant son épouse dans les bras de son amant.Il transperce le Sieur de Montfaucon de trois coups d'épée devant la jeune femme hébétée.Puis il fait suspendre le corps à l'orée de la forêt comme un macabre avertissement: on ne bafoue pas l'honneur des Seigneurs de Joux

Il n'écoutera ni les explications , ni les supplications de Berthe. Sa rancune, sa vengeance seront terribles, implacables . Dans l'une des tours , il fera aménager une cellule où Berthe ne pourra ni se coucher , ni se tenir debout. Privée de tout , elle y restera douze ans. Elle aura eu tout le temps de contempler le corps de son amant ,livré aux intempéries et aux oiseaux de proie,se balancer au gré du vent jusqu'à ce qu'il n'en reste rien.

A la mort d'Amaury , son fils Henry la delivrera, à condition qu'elle entre au couvent de Montbenoit où elle mourra des années plus tard.

La nuit , quand le vent souffle d'une certaine façon , les habitants de la Cluse prétendent qu'ils entendent les sanglots de la jeune femme éplorée, infidèle sans le vouloir, coupable seulement d'avoir voulu vivre et aimer.

Priez , vassaux , priez à deux genoux , priez pour Berthe de Joux....   

Comments

[Roanne]

... Un souvenir d'enfance, lors de mon tout 1er séjour dans le Jura. L'histoire m'a été racontée (croisés et croisade en moins) devant une source à l'étonnante couleur, entre vert et bleu.

Le conteur nous a dit que la jeune femme (dont je n'avais pas retenu le nom) une fois délivré par son fils, était venue pleurer au bord de cette source qui avait pris la couleur des yeux de l'éplorée...

Ca m'avait autant marquée que la légende de la Vouivre.

[dourvac'h]

Ton oeuvre est merveilleuse et romantique... bien que les teintes bleues marines des lointains n'évoquent pas ce peintre, on pense aux panoramas fabuleux de Caspar David Friedrich...

L'histoire légendaire (sans doute vraie mais les détails horribles ont pu être ajouté par des chroniqueurs) montre que le sieur Amaury (tout "Saigneur" qu'il reste à nos yeux) n'est qu'une sombre brute - déformé certes par la barbarie des combats livrés aux "saintes" (?) Croisades... et qu'il ne comprend rien au coeur des Femmes... Ce crétin vaut bien l'ogre Gilles de Rais ! Aujourd'hui encore tellement de femmes meurent de par le monde des suites de violences conjugales... et autres crimes "d'honneur" masculin (!!!)

Amitié à toi, Emma, et encore bravo pour le lyrisme et le perfectionnisme de tes oeuvres graphiques !

[Angel]

Belle histoire mais triste, sniff! Le pastel est magnifique!

[francois-fabien]

Ton dessin donne envie d'aller découvrir le modèle sur place ( mais sans endossr le rôle d'aucun des personnages... brrr... )Encore que... non finalement... mieux vaut se contenter de ton dessin qui fait chanter les couleurs et le lieu...
A bientôt
Amicalement...

[Valmont]

Bonne semaine Emma, et bisous à vous...